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Fonsorbes. Les collégiens commémorent la mémoire de Jean d'Aligny

 

  Les élèves de 3e et de 4e du collège de Cantelauze viennent de célébrer le 23e anniversaire de la mort de Jean d’Aligny, héros de la Résistance à Fonsorbes et ancien déporté. Pour la circonstance, le principal, Claude Salaméro, des professeurs d’histoire et les collégiens étaient réunis autour de la stèle de la Résistance, place du Trépadé.

 

Trois anciens déportés

  Claude Salaméro a ouvert la cérémonie en évoquant les engagements patriotiques d’Yvonne Lagrange, de Jean D’Aligny et d’Henri Calvayrac, tous trois anciens déportés de la Seconde Guerre mondiale. Le général Granson, Christian Pech, adjoint au maire, les adjudants-chefs Dubesse et Chanteux du 3e régiment du matériel de Muret, Janny Bonnet, copropriétaire d’Esquiré, ancienne demeure de Jean D’Aligny, Martine Marsan et Bernard Loubinoux intervenant au musée de la Résistance avaient tenu à accompagner les jeunes dans leur démarche de mémoire.

   Dépôt de gerbe du collège, minute de silence et chant de «La Marseillaise» se sont succédé. Tout le monde s’est retrouvé au collège où les élèves ont posé des questions aux personnalités présentes.

 

35 tonnes de matériel caché dont une automitrailleuse

  Bernard Loubinoux a porté quelques précisions sur l’action de Jean d’Aligny : «Il était membre, entre-autre, du bataillon de camouflage de matériels, constitué lors de l’armistice de juin 1940. Il cachait, au domaine d’Esquiré, 35 tonnes de matériels, dont une automitrailleuse et un atelier de réparation d’armes. Jamais rien n’a été découvert, sauf un poste radio qui lui a valu la déportation, ainsi qu’à sa compagne, Yvonne Lagrange, qui le secondait en tout et faisait partie des mêmes réseaux».

  Cette expérience s’est déroulée à la satisfaction générale. Chacun a loué l’intérêt des élèves pour l’histoire locale, l’engagement des personnes célébrées et leur sacrifice.

   L’an prochain verra sans doute une participation élargie à d’autres établissements scolaires de Fonsorbes et des environs.

 

 

Article du quotidien La Dépêche du 24 janvier 2014.

BIOGRAPHIE DE JEAN FRANCOIS ORTIGNAC

Plus d’1 million de morts, tel est le lourd bilan de la Première Guerre mondiale pour la France.

Pour Fonsorbes, commune de 642 âmes (recensement 1911), ce sont 14 de ses enfants qui sont morts pour la patrie entre 1914 et 1918. 14 Fonsorbais dont il ne reste que des noms gravés en lettres d’or sur le monument aux morts érigé au cœur du village. 14 noms, qui malgré les commémorations du 11 Novembre, demeurent des anonymes.

Cent ans plus tard, en tant que passeurs de mémoire, nous avons souhaité que ces hommes tombés dans l’oubli reprennent « vie »/sortent de l’oubli. Parmi ces 14 hommes âgés de 21 à 44 ans, nous avons choisi aujourd’hui de retracer le destin brisé de François Jean ORTIGNAC, poilu fonsorbais mort au combat.

 

En Août 1914 lorsque la guerre est déclarée, François Jean ORTIGNAC, cultivateur à Fonsorbes, a 23 ans. Mobilisé dès le 3 août 1914, il est incorporé en tant que soldat au 14e Régiment d’Infanterie sous le matricule 600. Du haut de ses 1m80, il endosse l’uniforme français : capote bleue, képi et pantalon rouge garance.

Le 6 août 1914, avec son régiment, François Jean ORTIGNAC quitte Toulouse. Le 8 Août, son train s’arrête dans la petite gare de Valmy dans la Marne. Il cantonne avec son régiment à Courtemont au nord de Valmy. Puis, le 14e Régiment d’Infanterie prend la direction du Nord de la France afin de stopper l’offensive allemande dans les Ardennes. Après plusieurs jours de cantonnement dans la région de la Meuse, le 14e Régiment d’Infanterie reçoit l’ordre de poursuivre son avancée vers le Nord.

Le 21 août 1914, après avoir traversé la Meuse, François Jean ORTIGNAC et son régiment foulent le sol de la Belgique. Ordre, est donné au 14e Régiment d’Infanterie de prendre une formation d’attente face au nord dans un petit village belge non loin de Jehonville.

Le 22 août 1914, quelques cavaliers ennemis ont été aperçus à la lisière des bois à 2km environ au nord de Jehonville (Belgique). Le 14e Régiment d’Infanterie est alors appelé à former l’avant-garde de la 67eme brigade et à se porter à la lisière Nord de ces bois, qu’il trouve inoccupés. Poursuivant sa marche, le 14e Régiment d’Infanterie surprend en formation de marche un bataillon allemand en train d’atteindre la lisière sud du village de Jehonville. François Jean ORTIGNAC connaît alors son premier baptême du feu. Les Allemands subissent de grosses pertes. Mais ces derniers, soutenus par des renforts importants, occupent aussitôt la lisière sud du village solidement fortifiée par des tranchées couvertes et protégées d'un réseau de fil de fer de trente à quarante mètres de profondeur. Une batterie allemande et deux autos- mitrailleuses viennent s’établir à la lisière nord des bois et ouvrent un feu violent. Sous la poussée de l’ennemi, les compagnies et sections de mitrailleuses du 14e Régiment d’Infanterie, qui n’ont pas pu être soutenues par l’artillerie, sont obligées d’abandonner leur position. Plusieurs  assauts à la baïonnette sont tentés par des unités isolées, mais en vain. Lors de cette journée, sur l’ensemble des fronts, les tirs de l’artillerie allemande ont occasionné de lourdes pertes côté français.

Exécutant les ordres, François Jean ORTIGNAC et son régiment se replient et entament une longue marche de nuit vers le Sud sur des routes encombrées par l’artillerie. Arrivées le 23 Aôut à Sachy dans les Ardennes, les troupes sont exténuées. En effet, (depuis la veille 2h30 du mat) elles viennent de parcourir plus de 70 kilomètres dans l'espace de trente-huit heures et ont pris part à un combat qui a duré six heures. Néanmoins elles ne sont nullement démoralisées et le cantonnement a lieu dans le plus grand ordre. Le régiment de François Jean ORTIGNAC reçoit ordre d’occuper défensivement Lombut où il construit des tranchées abris pour tirer debout avec pare balles à l’abri des coups de l’artillerie protégés par des réseaux de fil de fer. Il y reste jusqu’au 26 Août. Date à laquelle l’ordre est donné au 14e Régiment d’Infanterie de gagner la rive gauche de la Meuse afin de prendre à revers les troupes allemandes qui poursuivent leur avancée.

Le 28 août, François Jean ORTIGNAC et son régiment appuyant le 83e Régiment d’Infanterie attaque Thelonne dans les Ardennes. Bien que la progression se fasse lentement en raison d'un tir très meurtrier de mitrailleuses, Thelonne est pris. L’ennemi qui occupait les hauteurs de Noyez se retire dans la direction de Pont- Maugis au nord de Thelonne. Les troupes du 14e Régiment d’Infanterie reçoivent l’ordre de se porter sur ce point et sont placées en 2e ligne. Mais très éprouvées par le feu continu et très meurtrier de l’artillerie ennemie, les troupes épuisées par les fatigues des journées précédentes ne semblent pas capables d'un nouvel effort. A ce moment, quelques obus lancés par une batterie lourde viennent éclater dans leurs rangs. Ils y produisent un remous qui se traduit bientôt par un mouvement de recul précipité de toute la 2eme ligne. Le commandant du 14e Régiment d’Infanterie, comprenant le danger, fait porter son drapeau sur la ligne. Le Lieutenant porte- drapeau le déploie et malgré les projectiles qui ne cessent de pleuvoir, il le promène à bout de bras. Ce spectacle réconforte les hommes et aux cris de « en avant » poussés par tous les officiers, ils viennent reprendre leur place sur la ligne de feu. Mais le feu de l'artillerie allemande qui les a suivi dans cette position leur inflige de grosses pertes. Bien que des tranchées ennemies aient été enlevées et occupées par quelques hommes le mouvement en arrière continue.

Les troupes se retirent vers le sud du département dans les directions d'Angecourt pour recommencer à se battre le lendemain devant Haraucourt, où elles venaient se ravitailler en vivres. La pression de l'infanterie ennemie étant de plus en plus violente et le feu de son artillerie devenant très meurtrier, le 14e Régiment d’Infanterie tout en continuant la lutte se trouve dans l’obligation de battre en retraite. Suivant le mouvement de retraite générale ordonnée vers le sud de la France, entre le 30 Août et le 5 Septembre François Jean ORTIGNAC et son régiment traversent les villages ardennais de La Besace, d’Attigny, de Saint-Hilaire- au Temple et cantonnent à Dosnon dans l’Aube.

Le 5 Septembre, le général Joffre (chef d’état- major de l’armée française) donne l’ordre à toutes les troupes de lancer/ mener une contre-offensive générale. François Jean ORTIGNAC et son régiment stoppent alors leur retraite et repartent en direction du nord, le 6 Septembre, pour se porter sur la ferme de la Certine, un des lieux de combat de la bataille de la Marne. Le 7 Septembre le combat sur le front s’accentue de plus en plus. Les 2 lignes se trouvent à 600 mètres environ l’une de l’autre. L’ennemi dispose de 2 compagnies de mitrailleuses qui exécutent des feux très meurtriers à faible distance occasionnant des pertes sévères dans les rangs du 14e Régiment d’Infanterie. Le régiment parvient à se maintenir tant bien que mal sur ses positions grâce à l’arrivée de renforts en fin de journée. Le 8 Septembre, attaqué violemment par l’ennemi, le 14e Régiment d’Infanterie éprouvant de lourdes pertes, dessine un mouvement de retraite vers la ferme de la Certine. Ravitaillés en munitions, des hommes épars du régiment alors prêts à reprendre l’offensive mènent une vigoureuse contre-attaque qui permet de déloger l’ennemi de la ferme.

C’est au cours de cette journée du 8 Septembre 1914 que François Jean ORTIGNAC meurt au combat à l’aube de ses 24 ans.

Deux jours plus tard, ses compagnons d’armes mettent en déroute les Allemands.

A l’instar de François Jean ORTIGNAC, le sacrifice de milliers de combattants a permis de remporter la bataille de la Marne, première victoire française.

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