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Jean D’ALIGNY

 

 

 alias "Nano" 

 

   

         Jean d’Aligny est né à Pau le 17 Novembre 1909. Dans les années 1920- 1930, ayant hérité du domaine d’Esquiré, près de Fonsorbes, il décide de mettre en valeur cette propriété.

        Durant la Seconde Guerre mondiale, Jean d’Aligny s’engage dans de nombreux réseaux¹ de résistance. Membre du réseau « Prunus »², il devient en novembre 1942, après avoir été recommandé par le CDM³ (service de « Camouflage du Matériel »), l’adjoint civil d’André Pommiès4. Il se lie également avec des responsables du groupe Morhange, installé au château de Brax. Par l’intermédiaire d’amis sûrs, il entre aussi en contact, avec le réseau d’évasion Pat O’Leary du docteur belge Guérisse dont le Poste de Commandement se situe à l’hôtel de Paris, rue Gambetta à Toulouse5.

          Ainsi, en coopération avec le CDM, il dissimule près de 35 tonnes de matériel lourd militaire, d’armes et de munitions dans les jardins potagers de sa propriété d’Esquiré et dans les bois voisins. Il cache également un poste émetteur et récepteur de radio en liaison avec Londres ainsi que l’opérateur radio Marcus Bloom alias « Michel », membre du réseau Prunus. Dans son château, « Nano » et sa compagne Yvonne Lagrange, surnommée « Yvon », accueillent de nombreux résistants comme André Pommiès, Robert Cunillera (espagnol condamné à mort par Franco), le docteur Jacobson (condamné à mort en Roumanie pour résistance) ou bien Jeanine Morisse (agent de liaison du réseau Prunus).

        Dénoncé à la Gestapo par un espion infiltré6, Jean d’Aligny est arrêté avec Marcus Bloom7, Yvonne Lagrange8 et d’autres personnes présentes à Esquiré le 13 Avril 1943. Jusqu’en mai 1943, Jean d’Aligny est incarcéré à la prison militaire Furgole de Toulouse, et est torturé par la Gestapo. Ensuite, il est transféré à la prison de Fresnes à Paris. Le 8 novembre 1943, il est déporté au camp de Neue Bremm, puis au camp de Buchenwald, où le 18 Novembre 1943, à son arrivée, il reçoit le matricule n° 28391. Jean d’Aligny est transféré au camp de Natzweiler- Struthof en juillet 1944, avec huit de ses camarades en application d’un ordre général d’Himmler pour regrouper tous les « N.N »9. Il est libéré en mai 1945 au camp de Dachau par l’armée américaine.

          Capitaine, il a été décoré de la Croix de chevalier de la Légion d’Honneur, de la Croix de guerre avec palme mais il n’a jamais reçu la médaille de la Résistance.

          Après être rentrés de déportation, Jean d’Aligny et sa compagne Yvonne Lagrange se réinstallent au domaine d’Esquiré. Jean d’Aligny est décédé le 15 Janvier 199110.

 

 

 

Notes :

1. Réseau (de résistance) : Structure organisée secrètement sur le modèle militaire, ne groupant que les personnes nécessaires à son action. Celle-ci se développe vers le renseignement, le sabotage et les passages clandestins de personnes.

2. Le réseau « Prunus », est un réseau SOE (Special Opérations Executive fondé en 1940 par le service secret britannique, chargé de soutenir l’action des résistants en Europe notamment en assurant des parachutages d’armes et de matériel) qui a été fondé en avril 1942 par un jeune lieutenant anglais, Maurice Pertschuk, alias « Eugène », « Gérard », dans la région de Montréjeau. Il rayonne ensuite sur toute la Haute- Garonne. Présent à Toulouse, Montréjeau et Fonsorbes, le réseau mène de multiples activités : sabotages, renseignements, passages clandestins, propagande et parachutages.

3. Dès l’armistice, des officiers ont pris l’initiative de cacher du matériel militaire en provenance soit des unités en cours de dissolution, soit de dépôts et magasins militaires. Pour coordonner ces opérations de camouflage, le colonel Mollard crée alors le service de « Camouflage du Matériel », officiellement appelé « Conservation du Matériel.

4. En novembre 1942, le Capitaine André Pommiès entre dans la lutte clandestine en créant dans chacun des 10 départements de la 17e division (militaire) des commandos d’une trentaine d’hommes, ayant des cadres militaires confirmés, orientés vers des actions de sabotage et de guérilla. Il les baptise « Corps Francs ».

5. Cet hôtel était un relais pour ceux qui étaient traqués par la Gestapo et leurs auxiliaires français, avant leur passage en Espagne et pour reprendre le combat. Ses propriétaires, les époux Montgelard, après leur arrestation en Février 1943 ont été déportés. Stanilas Montgelard n’est pas revenu du camp de concentration de Bergen- Belsen.

6. Cet espion, ancien combattant de l’armée allemande, nommé Platt est abattu en guise de représailles sur le perron d’Esquiré le 17 Août 1943 par des hommes du groupe Morhange.

7. Marcus Bloom est mort en déportation à Mauthausen.

8. Yvonne Lagrange est déportée à Ravensbrück.

9. « Nach und Nebel » : « Nuit et Brouillard ». En application du décret allemand du 7 décembre 1941, ce statut spécial frappe tous les opposants du Reich, considérés comme des ennemis. Les déportés NN doivent disparaître dans le secret absolu et plus personne, pas même leur famille, ne doit plus jamais avoir de leurs nouvelles.

10. Il repose au cimetière de Seyre près de Nailloux auprès de sa compagne Yvonne Lagrange.

 

 

Sources :

- Témoignage oral de Jeanine Morisse, épouse Messerli.

- Divers documents prêtés par M. Loubinoux.

- Michel Goubet et Paul Debauges, Histoire de la Résistance dans la Haute- Garonne, Toulouse, Milan, 1986.

- Jeanine Morisse, Là d’où je viens…, souvenirs recueillis par Marie- Hélène Roques, Editions Empreinte, 2007.

- Jean- André Pommiès, Le Corps Franc Pommiès, Une armée dans la Résistance, Editions Privat, 2014.

- Extraits du Général M. Céroni, Le corps franc Pommiès, 2 t., Amicale du C.F.P- 49e RI, 1980- 1984 et de Didier Loubet, « Le réseau Prunus dans le grand midi- toulousain » -  Mémoire de maîtrise, 1990. Documents fournis par Monsieur et Madame Bonnet, propriétaires actuels du domaine d’Esquiré.

- http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.151.#DALIGNY

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